LA CHAPELLE

 

   
La chapelle de Saint-Cado fut construite par les moines du prieuré au XI ième ou XII ième siècle. D'après certains archivistes qui l'on étudiée, ce serait un des édifices romans les plus curieux du Morbihan.
Elle comprend une nef avec bas-côtés, une chapelle au sud, un chœur étroit terminé par une abside demi-circulaire et une sacristie au nord du chœur.
La nef, formant trois travées, communique avec les bas côtés par des arcades en plein cintre reposant sur de lourd piliers carrés à grand appareil de granit à simple tailloir, aux joints épais. Elle est séparée du chœur par une autre arcade en plein cintre moins large que le mur dans lequel elle est engagée. Cette   arcade est surmontée de chapiteaux décorés de crossettes qui se recourbent en volutes aux angles, mais l'un d'eux évoque assez bien une araignée de mer ou un poulpe.
Au fond, l'abside comprend une partie droite suivie d'un cul-de-four. Elle est épaulée à l'extérieur par trois contreforts plats épaissis à la base. Celui du milieu vient mourir en sifflets à mi-hauteur, pour permettre l'ouverture de la fenêtre centrale du chœur.
Les bas-côtés et l'abside étaient autrefois éclairés par de longues et étroites baies en plein cintre très ébrasées à l'extérieur. Elles avaient toutes été  bouchées sauf une dans la longère sud. Deux autres ont été débouchées dans le chœur par la restauration de 1950-1960 effectuée par les Beaux-arts et garnies de vitraux dont celui du centre représente Saint-Cado.

 

 

 

La façade est formée d'un pignon régulier. Il n'y a pas de contreforts aux angles mais deux de ceux-ci encadrent la porte. Cette porte frontale ou portail a été refaite au XVI ième siècle à anse de panier sous une accolade garnie de trois niches vides de statues. Au dessus, un oculus ou oeil-de-boeuf, du XI ième siècle éclaire une tribune intérieure.
Au sud de la chapelle existe un porche qui appartient à la construction primitive. Il est en plein cintre massif et sans ornementation. Sur ce porche a malheureusement empiété un des murs de la chapelle sud qui est moderne et sans style. Au dessus de la fenêtre du fond se lit la date de 1842. Cette chapelle est surmontée d'un clocheton, moderne lui aussi. Il est probable, qu'autre fois, un autre clocher a existé au dessus du transept de la chapelle principale, comme dans toutes les églises romanes.
Dans cette chapelle sud, un bloc de plusieurs pierres assemblées portant à sa partie supérieure de petites croix de consécration passe, suivant la tradition, pour être l'autel ou le lit de Saint Cado
La sacristie, au nord du chœur est moderne.
A l'intérieur de la grande chapelle et dans le fond, du coté nord, un escalier tournant en pierre conduit à une tribune de bois dont les panneaux sculptés et ajourés dans le style flamboyant peuvent dater du XVI ième siècle. Ces panneaux ont été restaurés en 1984 par un menuisier des Beaux-Arts.
Divers tableaux étaient suspendus aux murs de la chapelle. Au-dessus de quatre de ces tableaux était écrit sur le mur un des quatre distiques suivants:

 

Anglois de nation, prince de Glamorgan,
puis abbé, vient, débarque et réside céans.

Les jugements de Dieu, sans cesse méditant,
c'est ainsi, pèlerins, qu'il a vécu céans.

Aux pirates pervers en ce lieu l'assaillant,
il dit : Je suis sans biens, solitaire céans.

Oratoire, mon oeuvre, adieu, dit-il, pleurant,
Belz, t'oublierai-je? Non. Il cyngla céans.

Tous ces tableaux devaient dater du XVII ième ou du XVIII ième siècle. Peu à peu ils souffrirent du manque de soins et des intempéries, la chapelle ayant été victime à certaines époques du manque de réparations. Ces tableaux se détériorèrent et peu à peu il fallut les enlever.
La restauration de 1959, effectuée sous la direction des Beaux-Arts, apporta de grandes améliorations. Les charpentes et les toitures de l'édifice furent refaites à neuf, les murs extérieurs recrépis au ciment. Les fenêtres de l'abside furent dégagées et garnies de vitraux, la grande fenêtre fut restaurée, une porte fut découverte qui donnait sur l'extérieur. Une autre porte réapparut au haut du bas-côté nord de la nef et les fenêtres de ce bas-côté refaites. Les statues de Saint Cado et de Notre Dame Auxiliatrice qui encombraient les deux côtés de l'avant chœur furent reculées dans la nef. Au haut du bas-côté sud, ce fut une petite fenêtre ébrasée qui fut débouchée et vitrifiée. La Piéta, que l'on dit du XV ième siècle, occupait cette place; il ne fut plus question de l'y remettre, elle occupe désormais l'emplacement de la porte découverte au haut du bas-côté nord.

 

 L'inauguration de la chapelle rénovée eut lieu le 3 avril 1960. La veille avait eut lieu la consécration d'un autel de pierre qui remplaçait l'autel principal en bois.
De toutes les possessions du monastère, il ne reste plus maintenant que la chapelle, le placitre le calvaire et la fontaine. Toutes les autres propriétés de Belz, d'Erdeven, de Plouhinec ont été aliénées à différentes époques, la dernière en date étant la maison prieurale, vendue par la municipalité Prépin.

Extrait de A. LE GUEN