HISTORIQUE DE BELZ

Avant hier...
Aujourd'hui
On ne peut parler de l'île de Saint-Cado et de son village sans
faire un petit historique de Belz.
Saint-Cado est situé sur la commune de Belz et, à mon avis, Cado ne
se serait jamais installé sur son îlot si Belz n'avait existé!
Le territoire de Belz est borné au nord et à l'ouest par la rivière
d'Etel, au sud par Erdeven et à l'est par Mendon.
Belz est un toponyme qui n'a cessé d'intriguer les étymologistes.
Des chercheurs se sont efforcé de lui donner une explication.
Un archéologue anglais, le Docteur John Bathurot Deane, voit dans les
mégalithes qui couvrent le sud du Morbihan, les vestiges d'un immense
"Dracontium" ou temple du Dragon, dont les deux pôles ont
été Locmariaquer et Belz.
Ce britannique fait de Locmariaquer le chef lieu du pays, mais
réserve à Belz de rôle de métropole religieuse. Il s'appuie sur le
nom même de Belz pour admettre que nos lointains ancêtres vouaient
un culte à Boal ou Bel. Il en trouve une preuve dans le fait qu'un
prêtre se dit en breton Beleg, c'est peut-être, souligne t'il le
Balack des Écritures, c'est à dire Bel le Dragon.
Le Docteur John Bathurot Deane en est venu à situer à Belz le
principal oracle du dieu Bel. Les deux mots lui semblant bien près
l'un de l'autre. Bel ayant donné en latin Belus, lequel se serait
contracté en Beels puis Bels s'écrivant maintenant Belz.
D'une part il voit dans une pratique des pèlerins de Saint-Cado une
survivance du temps où, selon lui, nos ancêtre païens allaient
consulter l'oracle de Bel le Dragon. Ceux qui passent la tête dans la
cavité pratiquée dans ce que l'on appelle le lit (en pierre) de
Saint Cado ne faisant que répéter une tradition très ancienne qui
consistait à appliquer l'oreille au coin sacré d'une pierre pour
entendre la réponse de l'oracle. Il souligne de plus cette autre
coïncidence qui lui paraît révélatrice, les pèlerins de
Saint-Cado l'invoquaient spécialement à Belz pour obtenir la
guérison de la surdité, en appliquant pieusement l'oreille sur la
pierre.
La légende elle-même est révélatrice, notait-il, puisqu'elle
nous montre Saint Cado supputant le Dragon, c'est-à-dire le culte du serpent.
Y eut-il des sectateurs de Baal ou Bel outre Manche avant l'ère
chrétienne ? la chose n'est pas impossible et il est même probable
que Baal ou Bel ait été honoré dans cette région. Il est certain
qu'il y eut des relations suivies entre les peuples du Levant et les
Vénètes ou ceux qui ont précédé ces derniers sur la terre
d'Armorique. On a pu rencontrer ici ou là la pierre dite taurobolique
qui évoque le culte de Mithra. Quant à
Baal, dieu de Babylone et d'une bonne partie de l'Asie Occidentale, il
a été connu sous des noms à peine différents les uns des autres.
Les Romains et les Grecs l'ont nommé Belus, Bolos, Bolanus, Belis.
Les Gaulois honoraient Belen qui était en quelque sorte leur Apollon,
le dieu du Soleil.
Il est à noter que le mot "Bel" ou "Belen" en
breton moderne veut dire "boule".
Si l'on consulte le savant Meven Modiern, une légende irlandaise
attribue le peuplement et la mise en culture de la verte Érin à un
certain Partholon, venu du sud après avoir tué son père Bel.
Une tradition mythologique fait de Belios le premier père des
Irlandais.
Le radical "bel" se trouve constamment associé à l'idée
de Lumière, de Combustion et de Mort.
Dans la mythologie celtique, Belios paraît symboliser le Temps et la Mort, Belaros est un dieu de
la foudre, Belisama est une déesse semblable à la flamme. L'on a
encore Belios qui symbolise le Ciel et dont l'attribut était la
hache, peut-être cette même hache que l'on trouve plus ou moins bien
gravée sur les monuments mégalithiques.
Rappelons qu'en Irlande, la fête de Beltaines, feu de Bel était la
plus grande fête annuelle et correspondait à notre 1er Mai,
commencement de l'été.
Sans évoquer spécialement le Baal ou le Bel des Phéniciens ou des
Assyriens, on trouve dans la légende celtique le reflet des
traditions antérieures avec le culte du Soleil et des puissances du
Ciel, celui de la Mort et des puissances d'En Bas symbolisées par le Serpent.
Le Docteur John Bathurot Deane pourrait bien avoir vu juste en
définissant Belz comme le centre d'un culte très ancien qui pourrait
fort bien se rapporter à l'un des dieux celtiques ou pré celtiques
précédemment cités.
Belz compte soixante dix huit écarts dont SAINT-CADO.
Extrait de A. LE GUEN